Bon nombre de patients se demandent s’il est préférable d’aller voir un kinésithérapeute ou un ostéopathe. Et bien nous allons vous montrer qu’il n’y a pas de bonne réponse. Ils sont souvent confondus ou comparés car ils se rangent dans la catégorie de « thérapie manuelle » mais ce sont deux métiers à part entière. Nous allons vous aider à y voir plus clair :
A. Définitions
1. La Kinésithérapie :
La Masso-kinésithérapie est une discipline paramédicale assez récente et donc une profession assez jeune. En France, le Diplôme d’Etat a été crée initialement pour soigner et rééduquer les blessés de guerre en 1946.
Etymologiquement, son nom vient du grec κίνησις (kinésis) signifiant le mouvement et de θεραπεία (therapeia) signifiant traitement, soins médicaux. Il s’agit donc d’un traitement par le mouvement et pour le mouvement.
A la différence de l’ostéopathie, la kinésithérapie est prescrite par votre médecin et a plus souvent pour but de rééduquer une zone traumatisée. Prenons comme exemple une entorse de cheville : la zone touchée a été immobilisée un certain temps et le ou les ligaments lésés n’ont plus le même rôle de maintien de la cheville. Le kinésithérapeute va donc, par un certain nombre de techniques et d’exercices, faire en sorte que votre système musculaire et proprioceptif soit optimal.
La kinésithérapie s’occupe essentiellement de traiter la zone douloureuse puis par des conseils et des exercices essaye de réintégrer cette zone dans le schéma du patient.
2 . L’Ostéopathie :
L’ostéopathie est plus ancienne que la kinésithérapie puisqu’elle a été mise au point en 1874 par un américain du nom d’Andrew Taylor Still.
L’ostéopathie est une médecine uniquement manuelle qui met en relation le corps, l’esprit, la raison, la santé et la maladie. L’ostéopathie croit en la qualité du corps à s’auto-guérir et cherche à garder l’intégrité structurelle et fonctionnelle de celui-ci.
Elle a pour but d’améliorer les fonctions physiologiques du corps qui peuvent être altérées par des restrictions de mobilité (structures squelettiques, articulaires, viscérales et myofasciales ainsi que les éléments vasculaires, lymphatiques et neurologiques corrélés).
L’ostéopathe à une vision globale du patient. Il ne prend pas en compte uniquement le tissu en souffrance mais cherche à comprendre l’origine de la douleur. Son rôle est de créer un nouvel équilibre favorable à la capacité d’auto-régulation du corps. Sachez que l’Ostéopathie est aussi une médecine préventive, vous n’avez ni besoin d’une prescription médicale ni besoin d’avoir mal pour consulter.
Parution du 30 Avril 1946
Andrew Taylor Still
B. Les champs d’action des deux professions :
1. La kinésithérapie :
Le masseur-kinésithérapeute a pour rôle de maintenir les capacités fonctionnelles du corps (exercices de musculation par exemple) ou, lorsqu’elles sont altérées, les rétablir ou les suppléer en apprenant au patient à s’adapter à ce nouvel état (en musclant d’autres zones par exemple).
Il dispose pour cela d’un très large panel de techniques et d’outils pour traiter au mieux les différentes situations qu’il peut prendre en charge.
Sur prescription médicale, le masseur-kinésithérapeute est habilité à participer aux traitements de rééducation suivants :
- rééducation orthopédique, neurologique, traumatique, respiratoire, cardiovasculaire et des troubles vasculaires et lymphatiques
- rééducation concernant les séquelles comme la rééducation de l’amputé, de lésions abdominales, périnéo-sphinctérienne à compter du 90e jour après l’accouchement, des brûlés etc.
- rééducation d’une fonction particulière comme celle de la motilité faciale, de la mastication, de la déglutition, vertiges et des troubles de l’équilibre.
Deux attitudes s’offriront à vous. Une méthode « passive » faite d’étirements et de massages. En clair, laissez le kiné faire. Le but est de lutter contre les dysfonctionnements des systèmes ostéo-articulaires, musculaires, cardio-vasculaires… Mais il existe aussi une méthode dite « active ». Ici, vous êtes acteur de votre guérison. C’est ce qui se passe dans le cadre d’une rééducation après un accident par exemple. Des ustensiles et appareils (comme le vélo) peuvent ainsi être utilisés au cours de la séance.
2. L’ Ostéopathie :
L’ostéopathe, par son approche globale, peut aider à atténuer des troubles et symptômes touchant les systèmes suivants:
Système musculo-squelettique :
Raideur, gêne, douleur aiguë ou chronique affectant les régions lombaire, dorsale ou cervicale de la colonne vertébrale ou encore touchant une épaule, une cheville ou un genou.
Système nerveux :
Maux de tête, vertiges, sciatiques, cruralgies, névralgies cervico-brachiales, névralgie d’Arnold, etc.
Mais aussi : troubles du sommeil, fatigue, troubles de l’attention, hyperactivité, anxiété, stress, dépression, etc.
Système digestif :
Chez les nourrissons (colique ou régurgitation), ou chez les adultes (constipations, diarrhées, ballonnements, reflux gastro-œsophagien, nausées, difficultés à digérer, etc.)
Système génito-urinaire :
Les infections urinaires chroniques, certaines formes d’incontinence, ou encore certains troubles sexuels comme la dyspareunie (douleurs de rapport) peuvent être soignés en ostéopathie. Règles irrégulières ou douloureuses ainsi que certaines difficultés à avoir un enfant. Les symptômes liés à la grossesse pourront être soulagés en grande partie (sciatiques, lombalgie etc.)
Système Oto-rhino-laryngologique (ORL) :
Que ce soit chez l’enfant ou l’adulte, des otites, rhinites ou sinusites à répétition, toux, troubles du canal lacrymal.
Système vasculaire :
Des céphalées ou migraines, des troubles de la circulation tels qu’un mauvais retour veineux, des œdèmes du membre inférieur ou encore un syndrome des « jambes sans repos », peuvent être atténués.
Attention, l’ostéopathie ne soigne pas tout, certaines pathologies ont besoin d’une prise en charge médicamenteuse et d’un suivi régulier chez un médecin. En revanche l’accompagnement ostéopathique est souvent un plus dans les grosses pathologies, notamment pour le confort du patient.
C. Les formations
1. La kinésithérapie :
La formation se déroule en 4 années après la réussite du concours d’entrée. Il se prépare en un an le plus souvent, soit après la Première Année Commune des Etudes de Santé (PACES), ou pour certains après une licence de Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (L1 STAPS) ou de Sciences de la Vie (Biologie-chimie) ou soit encore après une préparation privée portant sur le programme de Première S et Terminale S en chimie, physique et biologie.
2. L’ostéopathie :
Le déroulement du cursus d’études délivré au sein des Établissement de formation agréés est défini par un référentiel de formation.
Les études durent 5 ans en temps plein, comportent de nombreuses Unités d’Enseignement, et se déroulent sur des temps de Cours Magistraux et de Travaux Dirigés.
Les premières années sont orientées vers l’acquisition des connaissances théoriques et des savoirs faire pratiques, alors que les dernières années sont orientées vers la formation pratique clinique.
La formation à temps plein (celle suivie par l’ensemble des ostéopathes du cabinet de Corbas) totalise 4860 heures de formation.
Il n’est pas rare de voir certaines professions user du titre d’Ostéopathe. Les kinésithérapeutes, sage-femmes, médecins, podologues ou aussi infirmiers peuvent, en ajoutant un certains nombre d’heures de formation à leur formation initiale pratiquer l’Ostéopathie.
D. Tarifs et remboursements
1. Kinésithérapie :
Le tarif d’une séance varie selon le motif de consultation de 15 à 30 euros, et est remboursée sur prescription médicale à 60% en moyenne par la sécurité sociale et 40% par les mutuelles. Un traitement de kinésithérapie nécessite souvent plusieurs séance, il est donc préférable de vous renseigner auprès de votre mutuelle, pour éviter toutes mauvaises surprises.
2. Ostéopathie :
Une séance d’ostéopathie dure environ 45 minutes et coute entre 50 et 80€ en moyenne. La sécurité sociale ne prend pas en charge le remboursement de la séance mais la plupart des mutuelles oui. Dans la plupart du temps, 1 a 3 séances sont suffisantes par an, en fonction de votre rythme de vie (sport, travail, pathologie etc.)
Pour résumé cet article, il vous faut retenir que l’ostéopathie prend le patient dans son ensemble et cherche à comprendre l’origine de la douleur pour éviter qu’elle ne revienne. La kinésithérapie, quant à elle, à plutôt pour rôle de faire entrer à nouveau dans votre schéma corporel une zone lésée ou faible.
Ces deux médecines manuelles sont donc différentes mais tout à fait complémentaires. Mon regard d’ostéopathe me fait dire qu’il est toujours intéressant de faire un bilan ostéopathique avant d’entamer une rééducation en kinésithérapie. En effet, une articulation verrouillée ne sera que plus dure et plus longue à traiter pour un kinésithérapeute. Comme un lumbago sera plus difficile à être soulagé en ostéopathie si aucune séance de kinésithérapie n’a été réalisée ou n’est prescrite sur la région lombaire.
Alexis Goutierrez