Cet article fait donc suite à celui-ci sur la respiration.
Si vous ne l’avez pas encore lu, prenez quelques minutes pour le faire, j’aborde les notions de bases à comprendre pour mieux comprendre la respiration.
1. WIM HOF ET SA MÉTHODE
Comme je l’expliquais dans cet article précédent, j’ai donc suivi un week-end de formation sur la respiration : La méthode Wim Hof
Wim Hof est le spécialiste des records plus spectaculaires les uns que les autres.
Il en détient 26 au total en rapport en général avec le froid extrême, que ce soit l’eau ou l’air.
Comme je le disais précédemment il a donc tenu 6 minutes et 20 secondes en apnée sous la glace polaire en 2002.
Il boucle un semi-marathon au-dessus du cercle polaire pieds nus et en short en 2007.
Il tient 72 minutes dans un conteneur rempli de glace jusqu’au cou en 2008
Wim Hof se baigne aux Pays-Bas, le 22 juin 2010 – HENRY BOOGERT/CATERS NEWS AGENCY/SIPA
Si vous souhaitez mieux connaître son histoire, j’ai trouvé un très bon article ici.
Ma nature curieuse me poussant toujours à essayer de nouvelle chose, j’ai donc décidé de me confronter également au froid.
Je suis donc aller voir sur le site de Wim Hof.
Je pensais pouvoir apprendre de Wim en personne, mais je constate rapidement qu’il me faudra attendre l’hiver prochain pour espérer l’approcher car toutes ses formations hivernales sont pleines. D’autant que sa méthode s’est tellement développée qu’il a formé des instructeurs pour rependre sa méthode.
Wim est carrément habité par son message et c’est comme une mission pour lui de faire connaitre ça au monde entier.
En effet, au-delà du fait d’aller dans l’eau glacé, Wim Hof est persuadé qu’en utilisant sa technique respiratoire et en s’exposant au froid régulièrement, il peut aider des tas des personnes souffrant de pathologies diverses et variées (il y a bien évidemment des contre-indications et je ne vous recommande absolument pas de tenter cela par vous-même sans avoir été formé).
A titre d’exemple, lui et un groupe de 12 personnes formés à sa méthode ont pu résister à tous les symptômes sensés se déclarer après l’administration d’une bactérie nommée E.Coli.
J’ai donc réservé mon week-end de formation avec Sébastien Payet (prononcé « payette », étant de la Réunion, il tient à ce que son nom soit bien prononcé J).
Sébastien est un des instructeurs formés à la méthode Wim Hof et le seul « Level 2 » français.
Me voici donc en route pour Doussard, petite commune située au bout du Lac d’Annecy, réputée notamment pour son site de parapente et surtout pour sa rivière gelée, l’Ire, que Sébastien utilise comme terrain de jeu !!
2. PREMIER JOUR DE FORMATION
La formation commence donc samedi à 10H00. Sébastien préférant les petits groupes, nous sommes deux : Antoine et moi.
Après nous être présentés mutuellement, nous nous installons confortablement dans son salon, assis sur des tapis de sol et écoutons attentivement Sébastien. Il revient sur l’histoire incroyable de Wim que je connais en parti car j’avais déjà vu des reportages le présentant lui et sa méthode. Cela dit, je me dis quand même que ce mec-là est sacrément barré et tout simplement extraordinaire. Il a une vie incroyable.
Sébastien nous parle ensuite de la respiration que Wim et les pratiquants de la méthode utilisent.
a.) La Fundamental Breathing
Il s’agit d’enchainer des cycles respiratoires très rapides ce qui va dans un premier temps créer une hyperventilation. Au bout d’un certains nombres de cycles, variables selon les individus, nous commençons à sentir différentes sensations physiques. Pour ma part il s’agissait principalement de picotement dans les extrémités, notamment les doigts et les mains, puis comme un étourdissement et un bourdonnement dans la tête.
A partir de là, vous allez retenir votre respiration juste après avoir fait une expiration complète, c’est-à-dire « poumons vides ».
Et là, assez surprenant nous avons tenu très longtemps. En fait, l’hyperventilation a créé une hyper-oxygénation dans le corps.
Puis lorsque la sensation de respirer se fait ressentir vous prenez une grande respiration puis vous retenez à nouveau votre respiration. Cette fois c’est donc « poumons plein ».
Et là je peux vous assurez que vous battez déjà des records d’apnée.
Enfin, quand vous aurez à nouveau envie de respirer vous repartez pour un nouveau cycle de fundamental breathing.
Nous avons enchainé 4 cycles comme celui-ci et les effets sont surprenants. Ces effets sont bien évidemment propres à chacun.
Pour ma part, j’ai ressenti un bien-être et une détente incroyable. J’ai senti une énorme chaleur se dégager de mon corps et je me suis mis à transpirer comme si j’avais fait 1 heures de sport hyper intensif. J’étais littéralement trempé.
Je me suis vraiment senti transporté et partir « ailleurs », comme une sorte de voyage où l’esprit se détache du corps et part pour d’autres horizons J.
Juste avant cette pratique de respiration, Sébastien, qui est également préparateur mental pour sportif, coach et hypnothérapeute, nous a fait faire un exercice de visualisation.
Cela consistait à nous projeter dans notre « moi » du futur ayant atteint un objectif important et d’aller chercher les raisons qui nous motivaient à atteindre cet objectif : Les « POURQUOI »
Puis par analogie et pour renforcer cette visualisation Sébastien nous invitait à aller chercher un trésor, caché au fond de l’eau, correspondant à cette visualisation.
Bien évidemment cette image « idéale » a été fortement renforcée lors de l’exercice de respiration.
b.) La mise en pratique
Puis après la théorie, vient la pratique et nous voilà parti pour faire trempette.
C’est la fin d’après-midi, il fait encore jour et nous voilà donc parti tous les trois en direction de notre spot de baignade.
Photo du spot.
Nous empruntons un sentier dans les bois et nous longeons l’Ire. Nous croisons plusieurs randonneurs. Plus nous marchons plus je suis excité de gouter à cette eau glacée et en même temps je me demande ce que je fais ici !!
Une fois arrivé nous nous équipons.
Enfin, je devrais plutôt dire : Sébastien s’équipe, c’est-à-dire qu’il enfile ses chaussons et sa combinaison étanche car lui va rester un certain temps dans l’eau.
Antoine et moi nous déshabillons pour nous retrouver en maillot de bain.
Puis nous écoutons à nouveau ses consignes. Et je me demande à nouveau ce que je fais ici.
Pourquoi s’infliger tant de souffrance ?! rire…
Je me tiens droit, regard projeté droit devant moi, puis au fur et à mesure que j’écoute ses paroles, je commence tout doucement à fermer les yeux puis à me replonger dans l’image du « moi » du futur que nous avions travaillé un peu plus tôt dans son salon.
Ce « moi » est tout à fait capable de se plonger dans cette eau gelée. Il sait POURQUOI il le fait, il connait le trésor qu’il va chercher au fond de l’eau en faisant ça.
Je me décide à passer en premier.
J’ouvre les yeux, je saisi les deux mains de Sébastien qui m’accompagne dans l’eau pour ne pas que je glisse sur les pierres ou sur une branche et je fais quelques pas dans l’eau.
Arrivé à mi-tibia, je ressens déjà une vive douleur qui me surprend.
Je ne pensais que cette eau à 5° allait me faire autant mal physiquement. Moi qui étais persuadé de vivre cette expérience relativement facilement, je commence à douter.
Puis j’avance jusqu’à mi-cuisse et là la douleur est presque intenable !!! Je suis presque pris d’une sorte de panique, mélangé à de la douleur et de la déception de ne pas y arriver et je me vois faire marche arrière et partir en courant.
J’ai beau écouter les paroles rassurantes de Sébastien et me concentrer sur ma respiration « ample, souple, profonde et abdominale », j’ai terriblement mal !!
Puis petit à petit, j’arrive dévier mon focus, mon regard, non plus sur la douleur ressentie mais sur la forêt qui m’entoure et je fixe un arbre au loin.
Tout doucement, cela devient plus supportable et je commence à me baisser progressivement dans l’eau.
Je me focalise sur l’arbre au loin et sur ma respiration. Je suis hors du temps, complétement à ce que je fais, en pleine conscience de cette expérience.
Au bout d’un certain temps (ne me demandez pas combien de temps, je n’en ai aucune idée), j’arrive calmement à me tremper jusqu’aux épaules.
Sébastien me lâche, me valide que tout est ok quand il constate que je contrôle ma respiration et que je ne panique pas.
Puis je sors calmement de l’eau comme il nous l’avait demandé. Je rejoins le bord de la rivière puis c’est au tour d’Antoine.
Nous avons à valider 4 passages chacun en tout. Donc interdiction de se rhabiller ou de se sécher. Nous pouvons au mieux nous couvrir d’une serviette de bain en attendant le prochain tour, mais après avoir vécu cette expérience, la température extérieure de l’air me parait plutôt bonne.
Je reste donc en maillot de bain et je fais des lents mouvements.
Puis viens le 2ème passage que j’appréhende beaucoup puisque le premier n’a clairement pas été une partie de rigolade et qu’en plus nous devons cette fois aller jusqu’aux épaules puis mettre le visage dans l’eau aussi.
Finalement cela se passe plutôt bien. Je ne vous dis pas que j’y vais en courant mais je rentre beaucoup plus facilement. Cette fois c’est l’abdomen qui me pose problème. Une fois cette partie passée, le thorax et le visage se font facilement.
Pour le 3ème passage nous devons nous immerger complément et pour le dernier passage, nous faisons ce que nous voulons, « c’est pour le plaisir », comme dit Sébastien … Il est vraiment marrant ce Seb !!
Je m’immerge donc jusqu’aux épaules.
Évidemment tout au long du process, je grelotte et je tremble terriblement. J’ai même les dents qui claquent par moment.æ
Sébastien nous explique qu’il faut évidemment accepter ces tremblements, qu’ils sont tout à fait normaux et à 80% d’origine mentale et émotionnelle. Et effectivement lorsque nous referons un passage dans l’eau le lendemain, ces tremblements auront vraiment bien diminué.
Après toutes ces émotions nous pouvons nous sécher et nous rhabiller.
Et là c’est une vraie corvée. Nous avions été prévenus :
« Les gars, prenez des baskets faciles à enfiler pour le jour J »
On comprend mieux pourquoi.
Ne serait-ce que quitter son maillot de bain pour enfiler un caleçon et un jogging est une vraie corvée, je vous laisse imaginer ce que c’est de mettre une paire de chaussure et de faire ses lacets quand vous ne sentez plus votre corps et que vos doigts sont complétement engourdis…
Bref, la nuit commence à tomber et le temps de rentrer chez Sébastien il fait complétement nuit.
3. LE DEUXIÈME JOUR
a.) Nous repartons dans l’eau dès le matin
Le rendez-vous du lendemain est fixé directement dans un bar, en tenu de combat à 10H00 car nous commençons la journée pour notre bain glacé.
Autant vous dire que je n’ai qu’une envie c’est de rentrer chez moi. Quitter un appartement bien chaud, après avoir pris une douche bien chaude et vous retrouver dehors à 2° pour vous plonger dans une eau à 5°…
Comment dire… Je ne le sens pas trop…
Même si j’y suis arrivé la veille, je n’ai vraiment pas envie. Heureusement pour nous, il fait un ciel bleu magnifique et l’air se réchauffe tout doucement.
Après avoir pris un thé vert, nous repartons rejoindre notre spot pour faire trempette.
Cette fois-ci, Sébastien nous fait comprendre que nous allons être autonome. A nous de nous mettre dans les bonnes conditions mentales, d’aller nous connecter à nos POURQUOI et d’aller chercher notre trésor.
Nous aurons 4 passages à faire de nouveau où nous pouvons faire ce que nous voulons, pas de consignes particulières, si ce n’est de tenter jusqu’aux épaules si possible.
Comme Sébastien nous l’avait dit, la différence est spectaculaire.
Surtout mon premier passage : je rentre de manière complétement fluide et je ne ressens presque plus les douleurs que j’avais pu avoir la veille.
Je vais jusqu’aux épaules, je reste un certain temps puis je ressors.
J’enchaine les 3 autres passages tranquillement.
Rétrospectivement je me rends compte que pour les 2 premiers passages je suis extrêmement concentré alors que pour les passages 3 et 4 je ne pense absolument plus à ma respiration ni à ma visualisation.
L’expérience est réellement grisante et je ressens une grande fierté, surtout après mon premier passage de ce deuxième jour.
C’est un peu comme si mon cerveau se disait : « si ça c’est possible, alors tout est possible ».
Cette expérience est beaucoup plus impressionnante pour moi que tout ce que j’ai pu faire d’un peu extrême par le passé comme la marche sur le feu, le saut à l’élastique ou bien la chute libre.
Sébastien apport une touche en plus avec son accompagnement de préparateur mentale et d’hypnothérapeute.
Il arrive vraiment bien à nous faire relier cette expérience forte avec un objectif important pour nous.
Il ne s’agit pas simplement d’aller dans l’eau gelée pour la performance physique, même si cela reste spectaculaire bien évidemment.
Il s’agit aussi de relier les choses et de « transférer » cette expérience à quelque chose de plus important encore pour nous.
Vous l’aurez compris, ce fût une belle expérience.
Je suis fier de moi car je ne pensais pas que cela sera aussi difficile la première fois et que finalement, avec de l’entrainement, de la confiance et une orientation positive de son mental, on peut y arriver.
b. ) La Power Breathing
La deuxième partie de la journée, se passe à nouveau dans son salon et nous expérimentons une nouvelle respiration : le Power Breathing.
En résumé, le début est le même que pour la Fundamental Breathing sauf que nous allons directement retenir notre respiration poumons plein (donc on zappe la partie poumon vide) puis nous imaginons pousser cette énergie accumulée dans l’abdomen et les poumons vers le haut en directions de la tête et nous faisons sortir cette énergie par le sommet du crâne et par le front (zone qui correspondent à des chakras).
L’image pas très glamour utilisée mais très parlante est comme si vous étiez constipé et que vous poussiez très fort pour aller à la selle : c’est la même chose, en faisant ça vous contracte vos abdos très forts et vous sentez la pression augmenter dans la tête.
Ce type de respiration peut selon Wim Hoff stimuler le système immunitaire et c’est cette respiration qu’il avait utilisé avec les autres participants pour combattre la bactérie qu’on leur avait inoculé.
La journée se termine par un debrief du week-end puis je rentre chez moi un peu sonné et complétement déboussolé par cette expérience.
Je ne m’attendais pas à vivre quelque chose d’aussi fort et à l’heure où je termine d’écrire cet article (plus de 10 jours après), j’en ressens encore les effets positifs.
C’est un peu comme si quelque chose s’était débloqué dans ma tête et que maintenant tout était possible.
Un grand merci Sébastien !! J’ai adoré
(Ps : photo prise le deuxième jour. J’ai l’air détendu et heureux sur la photo car nous n’étions pas encore passé dans l’eau…)